🔙 Mai 2021 : le courrier fondateur du projet.
⏺︎ Mai 2021 : le courrier fondateur du projet ⏺︎
Skatepark de Mirecourt :
vingt ans de fiascos municipaux
Pour mesurer l’ampleur du gâchis, il faut remonter à l’an 2000 et retracer, pas à pas, la succession d’aberrantes erreurs municipales : migration arbitraire du skatepark vers un site inadapté, modules mal posés, abandon progressif, démantèlement… jusqu’à la disparition d’un module de 25 000 € 💸.
Sur le papier, tout semblait réuni pour offrir un cadre idéal à la pratique du skateboard, du roller ou du BMX aux jeunes assidus que nous étions. Malheureusement, ce n’était qu’une étoile filante dans la nuit, et le réveil fut brutal : nous dûmes rapidement partager le site de nos rêves avec une décharge municipale d’un côté, les derniers vestiges de l’ancien abattoir de l’autre – où vaches et veaux hurlaient encore leur peine au grand jour – et, en face, l’ancien campement improvisé des gens du voyage, dont certains prenaient un malin plaisir à uriner et déféquer à même nos modules argentés.
Un tableau peu ragoûtant, et pourtant, chaque jour, près d’une quinzaine d’adolescents s’y retrouvaient.
💥 Après de longs mois de tensions avec les gens du voyage – puisque la mairie ne daignait pas les reloger –, où les nerfs lâchaient tantôt d’un camp, tantôt de l’autre, jusqu’à en venir aux mains, Maria Rouyer, qui avait entre-temps repris les rênes du bourg en 2001, eut une idée lumineuse. Et ce, sans même consulter les (nombreux) pratiquants au préalable : délocaliser le skatepark sur le parking de la salle Claude Hacquard. Avec en tête l’élaboration prochaine d’une aire d’accueil payante pour les camping-cars sur le terrain d’origine... Un projet qui ne sera pas inauguré avant juillet 2013 et dans lequel ce skatepark aurait pourtant trouvé toute sa place, notamment dans l’aire de jeux aménagée sur le site.
C’est ainsi qu’en cet été 2002, nous troquâmes notre si lisse et jolie dalle de bitume, spécialement coulée deux ans plus tôt – sûrement pas gratuitement 💸 –, avant d’être laissée à l’abandon et muée en toilettes publiques pour les squatteurs de fortune, comme ces équipements flambant neufs que la municipalité oublie sitôt inaugurés.
À la place ? Une vulgaire tranche de parking, usée et mi-gravillonnée... Mais le pire restait à venir : bien plus terrible qu’une décharge sauvage, qu’un voisinage peu scrupuleux ou qu’une avalanche de cadavres de bovins, le sol était en pente. Et elle était tout sauf douce. Fichtre.
La valse du gâchis
Comme pour panser les plaies laissées aussi bien par les graviers sous nos paumes que par cette infernale spirale de fines décisions dans laquelle la ville semblait s’enliser, on vint ajouter, sans notre consentement, une onéreuse mini-rampe à la liste de nos modules au cours de l’année 2006.
💰Une dépense conséquente, pleine de bonnes intentions (bien qu’une dalle de bitume plane et lisse eût été nettement plus appropriée à nos besoins de l'époque), mais que l’on se contenta tout bonnement de placer en plein cœur du terrain de basket adjacent.
❌ Fin du jeu.
Du jour au lendemain, c’en fut ainsi fini des matchs diurnes et nocturnes sur un terrain qui faisait pourtant le bonheur des amateurs de la balle orange depuis plus d’une décennie. Pourquoi ? Pour une jolie mini-rampe délicatement inclinée, perchée sur un terrain abrupt plutôt que sur une esplanade digne de ce nom, sans que les Services Techniques de la commune jugent utile de la mettre à niveau... malgré les cales pourtant fournies par Trafic Way, le fabricant.
Puis les années s’écoulèrent, comme le sang des anciens et plus jeunes pratiquants à la moindre chute sur ce sol intolérable, se dégradant un peu plus à chaque hiver, telle une cahute vacante battue par les vents. Combien de graviers avons-nous ôtés de nos plaies ? Combien de larmes, chez les plus jeunes, ont coulé ? Combien de planches et de roues y ont vu leur espérance de vie s’étioler ?
Si je ne suis plus aujourd’hui qu’un des ultimes pratiquants du site de l’abattoir – comme Nathaniel Poe fut le dernier des Mohicans – de ceux à qui l’on offrit un jour un brin de paradis avant de les jeter en enfer, je demeure, depuis trop longtemps déjà, contraint de jongler habilement entre graviers, éclats de verre, crevasses et fissures d’un bitume pentu – rendant tant de modules caducs – rouille, mauvaises herbes et rivets sautés.
J’espérais néanmoins, non sans une pointe de naïveté, que le skatepark de la cité des luthiers, déjà aux frontières des abysses, ne sombrerait point encore davantage, à l’image d’un chalutier englouti par les eaux profondes. J’avais tort. C’était sans compter sur l’ombre de cette infatigable spirale infernale, qui revint brusquement, plus en forme que jamais, pour parachever son œuvre et lui faire boire le calice jusqu’à la lie.
🤯 Une fois encore, au beau milieu de l’année précédant l'émergence du Covid, tous les modules furent délocalisés pour être disposés de manière abracadabrantesque en plein épicentre des restes du terrain de basket et son unique panier miraculé. Une scène surréaliste.
À l’heure où le skateboard s’invite à la table des disciplines olympiques, où des skateparks dignes de ce nom fleurissent aux quatre coins du pays et où Mirecourt n’a, semble-t-il, pas connu autant de pratiquants depuis près de quinze ans, comment cautionner cet énième tour de force ?
👉 Le premier coup d’éclat de la fine équipe du dernier bourgmestre en date en la cité des luthiers.
🤷 Sera-t-il alors un jour possible, en notre chère et tendre commune, de pratiquer nos sports, nos passions, dans des conditions acceptables ? Outre l’actuel emplacement aberrant de notre skatepark – tout comme l’état de ses modules qui n’ont guère été révisés depuis le début de la guerre d’Irak – un sol à la fois lisse et nivelé serait la moindre des choses. Non seulement pour une pratique en bonne et due forme, mais aussi pour la sécurité de tous, des plus jeunes aux anciens... Alors, à quand de bonnes (et logiques) décisions ? »
📨 🖊️ En 6 201 caractères, tout au plus, et quoi que la municipalité puis conter aujourd'hui, ce courrier fut l’unique étincelle à l’origine du skatepark flambant neuf dont vous, Mirecurtiennes et Mirecurtiens, jouissez désormais depuis le crépuscule d’octobre 2024.
Mais n’allez pas imaginer que ce fut un long fleuve tranquille, ni qu’après tant de ténèbres la lumière ait jailli d’un seul coup (et encore moins qu’elle brille à présent à jamais). Pour en arriver là, il aura fallu en aval plus de trois longues années d’efforts acharnés, avec la ténacité des héritiers de Sisyphe que nous étions — plus de vingt ans déjà à pousser nos planches jusqu’au sommet de ce bitume incliné, à grand-peine. 🛹⛰️
🦻Trois ans à tenter d’exister dans un dialogue de sourds, que nous pensions encore ouvert, auprès de nos deux seuls réels interlocuteurs : le bien trop souriant adjoint au maire chargé des sports, de l’animation et de la jeunesse, et la jeune cheffe de projet Bourg-Centre Petites Villes de Demain, parfois épaulés par un élu curieux, tombé là au gré du hasard.
Trois ans à multiplier dossiers, courriers, plans 3D et réunions superflues… sans jamais recevoir en retour la moindre réponse directe de Monsieur le maire, ni en personne, ni par la voie de la plume – au point de parfois douter de son existence. 🤷♂️
📉 Pourtant, en 2021, Mirecourt comptait 4 782 habitants — 🤖 une mégalopole si futuriste que son premier édile, potentiellement débordé, y menait apparemment un emploi du temps de ministre. Un pied dans les hautes sphères, l’autre loin, bien trop loin, de nos modules agonisants dans la poussière...
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